Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Carnet de course
18 juin 2020

Les défis du confinement (5 km, 40 minutes, Marathon-relais à 3)

 

20200318_122937

 

 2020 partait bien : perte de poids, nouveaux entrainements : ma condition physique ne cessait de s’améliorer et je pouvais envisager de faire quelque chose de très intéressant au Marathon de Paris, mon record personnel sur les 10 km du Neuf me l’ayant confirmé.

Durant les premières semaines de l’année, j’avais un peu pris à la légère cette histoire de virus chinois. Je me disais que c’était encore une lubie journalistique pour faire peur aux gens en raison d’une actualité française et mondiale en manque de sensationnel, la destitution manquée de Trump et la campagne insipide des municipales ne passionnant pas les foules. Mais il a fallu me rendre à l’évidence : confinement, télétravail, arrêt de l’économie, interdiction des rassemblements : les pouvoir publics prenaient ça au sérieux et j’ai vite compris que le Marathon de Paris et la Route du Louvre, ce ne serait pas pour tout de suite…

Par bonheur, les politiques publiques, de nos jours, considèrent l’activité physique et le sport non plus seulement comme un loisir mais aussi comme un facteur de santé et de bien être. Le gouvernement a autorisé une heure de sport (pas seulement de course à pied, un gars dans ma rue jouait au tennis contre son mur) dans la limite d’un périmètre d’1 km autour de chez soir, Madame Hidalgo ayant imposé que dans les rues de Paris cela se fasse après 19h. Privé de salle de sport et "incarcéré" dans mon studio toute la journée, j’ai ainsi pu courir… tous les jours. Dans les rues désertées de mon quartier, la plupart du temps au milieu de la route, les voitures (et leur bruit) ayant disparu. J’ai même réalisé une série de 46 sorties consécutives (interrompue par un unique jour de pluie), ce qui ne m'était jamais arrivé de ma vie ! Comme je ne pouvais pas faire de longues séances d’endurance, j’ai fait beaucoup de fractionné et d’accélérations dans les côtes (mon quartier est vallonné). Résultat : j’ai vu ma condition physique encore s’améliorer, et ma VO2max gagner jusqu’à 4 points !

C’est dans ce contexte étrange que Jean-Marc a proposé des défis. Vous allez me dire : mais qui donc est Jean-Marc ? Si j’avais envie de plaisanter, je répondrais : ben je ne sais pas vraiment !

Bon en fait, je bosse dans une grosse structure, qui possède une petite association de sport, avec une section course à pied, dirigée par des collègues ou anciens collègues bénévoles. Jean-Marc est l’un d’eux. Les collègues inscrits à cette section sont de tous âges et tous niveaux (on ne sait pas qui est cadre sup ou tout au bas de l'échelle), du débutant qui courotte un peu pour le plaisir de la convivialité au compétiteur expérimenté. Pour essayer de dynamiser les troupes (certains ayant été très pris ou ayant été trop déprimés par cette histoire de virus), Jean-Marc, que je connais seulement pour le croiser de temps en temps dans les vestiaires, a proposé qu’on se fasse des compets entre nous. Les courses étant toutes annulées jusqu’à l’automne, cela permet ainsi à ceux qui étaient en forme de mettre à profit leur bonne condition, et à ceux qui avaient un peu tout arrêté de s’y remettre.

L’idée est donc que chacun coure dans son coin une distance ou une durée donnée, mesure tout ça avec son GPS, et l’envoie à la fin Jean-Marc qui compile et donne un classement final.

La première semaine, on a fait un défi sur 5 km. Entre 20 et 30 minutes d’effort, de quoi s’échauffer et courir correctement (puisqu’in était limité à 1h, pas plus). La deuxième semaine, un défi de 40 minutes. La troisième semaine, un semi marathon en relai : on s’associe à 3, de niveaux différents, pour former une équipe, et on fait 7 km chacun. Et comme 3 x 7, ça fait 21, on a un semi marathon à nous trois.

L’idée était bonne, et tombait à pic, j’étais en mal de compétition.

La première difficulté a été, pour moi, de trouver un terrain qui soit relativement plat autour de chez moi. Car si j’aime m’entraîner sur un parcours vallonné, pour les compets trop de bosses perturbe sérieusement les chronos. J’ai finalement trouvé une solution mais sur un parcours tout petit à répéter plusieurs fois de suite. Mais au moins c’était à peu près plat.

La seconde difficulté, c’est bien sûr les courtes distances. Je l’ai déjà écrit ici : 5 km (voire 7), c’est un effort très violent. Si on veut faire un résultat, il faut être à bloc du début à la fin. Et je dois reconnaître : ce n’est pas trop mon truc, je pense que je suis trop vieux pour ça. Mais bon, peu importe. Quand on accepte un défi, c’est pour le faire à fond. Avec en prime un petit bonus : sur n’importe quelle course, on s’élance pour faire un bon temps, alors qu’avec les copains du travail, on peut même jouer la gagne !

Alors j’ai joué le coup à fond, aussi sérieux que si j’avais un dossard. Je me suis préparé dans ma tête, je me suis ménagé les jours qui précèdent, j’ai soigné mon échauffement… et je me suis mis le cul par terre.

Sur le 5 km, j’ai été surpris d’arriver à être dans l’allure, à tel point que j’ai fini pas si loin de mon 2e meilleur temps. Le 40 minutes, en revanche, j’ai trouvé ça hyper dur : c’est presqu’un 10 km (j’ai parcouru environ 9, 5 km). Quant au semi marathon en relai, là j’étais dépendant de mes coéquipiers mais j’ai tout fait à bloc et j’ai même rajouté les 100m pour que ça fasse vraiment 21,1 km à nous trois.

J’ai du mal à écrire cela car ça paraît aussi prétentieux que dérisoire, mais j’ai presque tout gagné : le 5 km, le 40 minutes et le segment de 7,1 km (mon équipe ayant fini que 4e), et le fait est que c’est la première fois de ma vie que je gagnais quelque chose. Pas de coupe, de bouquet ni de médaille, je ne suis pas monté sur la « boite », mais ces défis entre camarades m’ont un peu consolé de la frustration de tenir l'une des meilleures formes de ma vie dans une période où les compétitions sont interdites. Je resterai frustré de ce Marathon de Paris qui s’est refusé à moi et, à l’heure où j’écris ces lignes, je n’ai aucune assurance que cette belle forme et ce poids de jeune homme (j’ai perdu 7 kilos depuis un an, je n’ai pas été aussi mince depuis 10 ans), je les aurai encore pour la reprise  des cours à l’automne.

Mais au moins, grâce à Jean-Marc et à ses défis, j’ai pu continuer d’avoir des objectifs, sans m’entraîner pour rien. Et surtout j’ai pu être ce que je préfère être : un coureur.

Publicité
Publicité
Commentaires
Carnet de course
Publicité
Carnet de course
Archives
Newsletter
Pages
Publicité