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Carnet de course
27 avril 2017

Marathon de Paris, 9 avril 2017

Marathon de Paris 2017 - maillots

 4 mois d'arrêt… Encore et toujours un truc qui ne va pas. Mais cette fois quelque chose est différent : je sais enfin de manière sûre et définitive ce qui ne va pas : le tendon, l'arrière du genou, la patte d'oie, tout ça, ça vient de la rotule. Pour faire simple, ma rotule n'est pas droite, elle n'est pas tout à fait dans l'axe et frotte sur les cartilages. La gêne ou la douleur se diffusent mal (ce qui explique que ce ne soit jamais véritablement au même endroit). Mes soucis en 2014 ? ça vient de là. Mes soucis en 2015 ? ça vient toujours de là. Mes soucis avant ? ça devait venir de là. Grâce à de vrais diagnostiques établis par de de vrais spécialiste de la médecine du sport qui bossent avec des pros (ce qui m'a permis, tout fier, d'aller consulter à l'INSEP (alors qu'en fait tout le monde a le droit d'y aller !)), je sais enfin comment y remédier : un peu d'anti inflammatoires et surtout beaucoup de rééducation et de réathlétisation : à ma grande surprise, ma cuisse droite n'est pas assez musclée (1 cm de tour de cuisse de moins par rapport à l'autre) pour maintenir correctement la rotule dans l'axe. Donc de la kiné (j'en ai enfin trouvé une super bien) et de la muscu…

Tout ça ne serait pas bien important si je n'étais pas inscrit au Marathon de Paris… Et dans mon ADN de (petit) sportif, déclarer forfait, au-delà du fait de perdre un peu de sous, c'est pas possible. Un 10 km de quartier, bon, ok, ça passerait, mais un Marathon, même dans ma ville, non non non, je ne peux pas m'y résoudre. Même en 1 mois de préparation et en repartant à zéro, c'est pas grave. J'en chierai mais j'irai chercher ma 15e médaille (peu importe le chrono (quoique passer quand même sous les 4 heures, ça serait chouette avec si peu d'entrainement). Donc voilà, reprise de l'entrainement. Sur une jambe et demi, mais c'est pas grave : la médaille, la médaille, la médaille. A tout prix. C'est pas raisonnable ? Je sais… Ce serait plus judicieux de laisser tomber et de courir un autre marathon en fin de printemps ? Je sais. Mais je veux quand même faire mon 9e Marathon de Paris, c'est comme ça, c'est irrationnel.

Donc comme je n'ai jamais cessé le cardio et les fractionnés en salle de sport, j'ai un moteur qui ne carbure pas si mal. Il faut donc réhabituer la carrosserie à courir. Les deux première petites sorties ont été fort peu encourageantes. Après 4 mois d'arrêt j'avais l'impression de ne plus savoir courir. 1/2 heure c'était déjà pénible. Et puis c'est revenu. Lentement, aussi lentement que mon allure. Dès le départ j'ai fait des sorties de plus de 2 heures. Avec aussi peu de temps devant moi, pas possible de prendre mon temps. Et bim, des séances de plus de 20 km presque tout de suite. Mais voilà, ma rotule n'étant pas encore remise dans le droit chemin, je marche (ou plutôt je cours) sur un fil : certes je m'entraine, mais je risque aussi de réveiller l'inflammation, même si je fais consciencieusement les exercices de ma kiné préférée. Pendant les trois semaines précédentes l'épreuve, j'ai marché et couru avec une gêne constante, ne sachant pas si c'était juste un symptôme anodin, une inflammation en sommeil ou encore une somatisation due à l'angoisse (du forfait ou encore pire, de l'abandon).

Et sur la ligne de départ, sous le magnifique ciel bleu de la capitale, je ne sais toujours pas si je vais courir les 42 bornes ou juste 500 mètres. Bon je mets fin au suspens tout de suite : tout s'est bien passé en fin de compte. Mais une médaille de marathon, il faut aller la chercher.

Marathon de Paris 2017 - Départ

Une dernière envie pressante m'a pourtant fait rater le départ de mon SAS. A Paris c'est pas grave, c'est juste synonyme d'un quart d'heure d'attente supplémentaire. Les suisses eux, qui ne rigolent pas sur le règlement et la ponctualité, te flanquent carrément une amende de 5 minutes si tu ne pars pas à l'heure prévue. Suisse quoi. Pas de ça chez nous heureusement.

Dès les première foulées je me poste à droite de la route de manière à ce que le dévers de la route soit la plus adaptée possible à ma foulée modifiée par ma rotule indocile. Et c'est parti pour une nouvelle odyssée. Et c'est parti vite, quand même. Presque sur les mêmes bases que lorsque j'étais à 100 %. Il faut vite se calmer et d'emblée j'essaie de ne pas trop regarder le chrono pour ne pas me laisser griser puisque je ne peux pas et ne veux pas faire un chrono… ce qui est de l'auto hypocrisie car dans un coin de ma tête je veux passer sous les 4 heures, sans trop y croire mais on sait jamais, va savoir… rappelons qu'en 2014, absolument sans aucune préparation (une semaine !), j'avais fait 4h 25 (mais je n'ai jamais autant souffert physiquement de ma vie que ce jour-là). Donc bon, je cours cool mais sans me trainer… sait-on jamais, si je pouvais garder cette allure-là le plus longtemps possible…

Il y a beaucoup de monde dans le peloton, particulièrement en milieu (là où je me trouve) et en queue de peloton. Et qui dit monde dit piétinage, changement de direction etc. Tout ça n'est pas très bon pour mon genou. Les changements d'appuis et de direction, les torsions de l'articulation, je dois éviter. Je suis donc au maximum concentré sur le fait de courir droit, de garder ma ligne et d'avoir une foulée régulière, toujours la même.

Le temps étant magnifique et les parisiens de plus en plus dehors au fur et à mesure que la matinée avance, l'ambiance est plaisante, musicale et enjouée (même si j'ai croisé deux mecs dans le pelotons qui avaient réussi à s'engueuler en courant et qui auraient pu en venir aux mains, j'avais jamais vu ça auparavant). C'est beau Paris, quand même ! Je pense toujours avec agacement à ce snobisme très français qui dénigre toujours tout ce qui est français ((surtout quand c'est parisien) et qui voudrait que le Marathon de Paris soit une épreuve mal organisée et désagréable… C'est vrai qu'avec de la mauvaise  foi on peut dire n'importe quoi…

Les kilomètres passent sous un temps de rêve. Je réaliserai après la course qu'être parti dans un SAS plutôt rapide aura été bénéfique : SAS rapide= départ plus tôt = moins de chaleur.

Et parlons-en, de la chaleur. Je suis toujours effaré de voir à quel point mes camarades de pelotons s'hydratent peu. Ils prennent une bouteille d'eau, boivent 3 gorgées et la balancent à moitié pleine. Mon expérience de cycliste m'a fait comprendre un truc : on boit avant d'avoir soif, la sensation de soif c'est déjà de la déshydratation. Donc moi les bouteilles, je les garde à la main (elles sont petites) et je bois des gorgées ou m'arrose avec presque tous les kilomètres, et j'en prend une autre au ravito d'après etc. Je m'y suis fait, avoir un truc à la main ne me dérange pas. Par contre les camelbags sur le dos, alors ça non, pas mon truc. On m'a rapporté après coup qu'à cause de la chaleur les secours n'avaient jamais autant travaillé sur le Marathon de Paris, ben tu m'étonnes, il y a dû y en avoir de la déshydratation !

L'an passé j'avais été ému car dans le dernier virage, à 200 m de la ligne, un jeune mec était étendu dans le caniveau avec les secours autour de lui (pourvu qu'il ait quand même pu passer la ligne !!). Et ben vous savez quoi ? Et bien cette année j'ai recroisé un autre gars qui avait fait un autre malaise exactement au même endroit. C'est quand même dingue de craquer une minute avant d'arriver. Je me demande si le mec a pu terminer, il avait vraiment pas l'air frais…

Autre scène émouvante : au 36e kilomètre, là où on emprunte le parcours de la Solirun', pour ceux qui connaissent, j'ai doublé une jeune femme qui pleurait à chaudes larmes en courant. De douleur. Des gros sanglots. Elle souffrait tellement en courant qu'elle en pleurait toutes les larmes de son corps. Mais elle avançait. J'ai essayé de lui dire quelques mots pour l'encourager, de lui dire que c'était super ce qu'elle faisait, qu'il fallait qu'elle s'accroche, que c'était quelques minutes de souffrance pour une immense fierté à l'arrivée. Elle m'a regardé, n'a même pas pu articuler un mot pour me répondre. Très touchant. Je n'ai pas pensé à mémoriser son n° de dossard pour voir si elle  était arrivée à bon port. Ça m'a rappelé l'édition 2014, que j'évoquais plus haut, non préparée, où j'ai souffert un martyr comparable. Toutes les douleurs de coureurs se ressemblent…

Bon sinon et moi dans l'histoire ?

Et bien comme tous les gens mal préparés, j'ai eu un derniers 1/3 de course assez pénible mais pas abominable non plus. J'ai même songé à lever un peu le pied (après tout j'étais pas là pour battre un record) mais un truc m'en empêchait : ce putain chrono !

Ben ouais au fil des kilomètres je me suis aperçu que même si c'était dur, j'avançais quand même pas mal, et vers le 37e, un bref calcul mental me fait réaliser que je vais terminer entre 3h 58 et 4h02. A froid, je serais tenté de dire "mais qu'est-ce que ça change ? J'ai déjà fait tellement mieux". Mais voilà, le cœur d'un marathonien a ses raison que la Raison ignore. Du coup… J'ai accéléré. Enfin accéléré, c'est un bien grand mot, disons que j'ai fait en sorte de ne plus ralentir. Et là, la fin de course a été pénible, ça n'en finit pas un marathon. Woody Allen dit un truc du genre "l'éternité c'est très long, surtout vers la fin", et ben je peux vous dire que certains marathons c'est pareil ! Du coup je n'ai pas vraiment profité de ma fin de course à cause de ce putain de compte à rebours qui me poussait à rester sous les 4 heures. Genre "c'est vital". Alors qu'en fait non. Mais pendant la course, ben en fait si. Du coup je me suis accroché, j'avais mal aux jambes grave, et surtout une lassitude, une putain d'envie que ce soit terminé. Quand tu n'as plus aucune fraîcheur, c'est âpre une fin de course. Et puis j'ai fini par passer ce dernier rond-point et par comprendre que c'était enfin fini et dans les temps : 3h 58 et des poussières !

Donc pour résumer : après 4 mois de blessures et 4 semaines d'entrainement intenses et improvisés, j'arrive à finir un marathon en moins de 4 heures. Mais c'est quasi inespéré. C'est là que tu te rends compte que l'expérience, ça ne peut pas faire de mal.

Marathon de Paris 2017 - dossard

Une fois mon effort coupé, je suis lessivé. Plus aucune force, juste bon à retourner chez moi à faire la sieste devant Paris-Roubaix. Mais quelques minutes plus tard, il se trouve en fait que… ben j'avais plutôt récupéré. Plus si fatigué que ça. En sortant de la zone d'arrivée, avec l'habituel pincement au cœur du mec qui part d'une fête avant la fin, j'ai célébré ça par une bière puis un Quick en me disant : "bon c'est pas tout ça mais mercredi je mets le réveil, faut pas louper les inscriptions pour 2018" !  ;-) 

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