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Carnet de course
5 juin 2018

La Pyrénéenne (10 km du 20e), 3 juin 2018

Une idée reçue voudrait que Paris, ce soit tout plat. En fait, c'est tellement vallonné qu'on peut organiser, rive droite, ce que j'appelle des courses atypiques (dénomination totalement personnelle !), c’est-à-dire des courses dont la distance est courante mais dont le parcours rend les chronos non comparables avec les épreuves équivalentes plates.

C'était jadis le cas des 10 km du 19e, course toboggan qui avait en outre la particularité de nous faire emprunter la totalité de la grande côte du Parc des Buttes Chaumont. Non averti de cette particularité du parcours, j'avais, lors de ma participation, trouvé la surprise un peu rude ! Malheureusement les mesures post-attentats ont eu la peau de cette épreuve sympathique.

Il en existe toutefois une autre : la Pyrénéenne. Ne pas confondre avec la très célèbre cyclosportive qui se déroule vraiment dans les Pyrénées ! Ici il s'agit seulement des 10 km du 20e arrondissement, et elle s'appelle comme ça à cause de la rue des Pyrénées d'où elle part et où elle arrive.

J'ai longtemps pensé à y participer mais plusieurs choses m'en dissuadaient :

-          Mon côté compétiteur  : participer à une épreuve où le chrono n'a pas de sens n'est pas une source de motivation : le parcours emprunte la quasi intégralité de la côte de Ménilmontant (qui porte bien son nom), un D+ de 118, comme disent les trailers.

-          Le calendrier : c'est en juin. Il y fait chaud et c'est vraiment le moment de l'année où je suis le moins motivé et le moins en forme après les marathons de début d'année

-          Ma vie privée : j'ai beaucoup fréquenté et même un peu vécu dans ce quartier autrefois, pour quelqu'un. Cette époque très peu épanouissante de ma vie m'ayant avant tout laissé de mauvais souvenirs, revenir arpenter ce quartier ne m'incitait pas à m'inscrire

Alors qu'est ce qui m'a fait sauter le pas cette fois-ci ?

Et bien l'envie de courir dans les rues de Paris, tout simplement. Je me sentais bien, malgré mes 2 marathons coup sur coup en mars/avril. Envie de découvrir une nouvelle ligne de départ, de courir sans la pression de la performance. Le temps avait passé et c'était le moment de vérifier que les mauvais moment vécus dans le quartier étaient passés eux-aussi.

Et donc me revoilà, la veille du départ,  6 ans après, presque jour pour jour, de retour à Gambetta, où rien n'a changé ou presque, mais où j'ai déjà perdu mes repères. Hésitation sur la sortie du métro à prendre ou sur là où se trouve l'arrêt du bus que je prenais autrefois. Le retrait des dossards facile dans la mairie. Je pique une petite affiche qui orne désormais mon bureau.

Pyrénéenne 2018 - affiche

Le lendemain, c'est une belle journée de printemps, chaude. Arrivé suffisamment à l'avance et déjà muni de mon dossard, je prends le temps de redécouvrir les abords de la place. Redécouvrir est le mot car j'avais vraiment oublié plein de choses, les noms, l'atmosphère. Je sais que le parcours passera même par la rue que j'ai tant fréquentée. J'appréhende… en fait non, je crois qu'au fond ça m'amuse. C'est comme retourner dans son ancienne école primaire, on croit qu'une foule d'émotion va revenir mais en fait non, c'est fini. C'est passé. Et c'est tant mieux.

La rue des Pyrénées est en faux-plat montant et je sais que ça va partir vite, donc j'arrive sur la ligne de départ bien échauffé, pas trop loin du premier rang pour ne pas trop être retardé dans les premiers hectomètres. Et j'attends le départ… j'attends. C'est toujours un peu en retard, une course. Ca fait râler quand c'est plus de 5 minutes.

10 minutes… 'tain, ils abusent.

¼ d'heure… Ya un problème non ?

20 minutes… ils pourraient nous dire ce qu'il se passe quand même !

Au coin de la rue à ma droite une baie vitrée s'ouvre. Une très jolie jeune femme brune, en culotte et débardeur gris nous regarde d'un œil mi-surpris, mi amusé. Manifestement, elle vient de se lever. Elle prend quelques photos puis va enfiler un vêtement  et revient nous regarder un peu. Puis rentre, petit déjeuner… ou se recoucher. Je me dis que peut-être je devrais en faire autant !

25 minutes… ça va être annulé, c'est pas possible !!

Mon échauffement n'aura servi à rien du tout car c'est complètement froid que je prends le départ, après plus d'une demie-heure d'attente.

Pyrénéenne 2018 - départ

Comme prévu ça part vite, trop vite. La rue des Pyrénées est vite avalée, ça va encore et ensuite ça descend : Ménilmontant, Rue Boyer, rue de la Bidassoa (comme prévu aucune émotion, ceci dit j'ai autre chose à penser)… bref tout va bien jusqu'à ce que se profile la côte de Ménilmontant, du bas. Et bien évidemment, présumant de mes forces, je la prends hyper vite, beaucoup trop vite, pensant qu'on tournerait à gauche vers le milieu… mais non, il faudra quasiment la prendre en entier. Et arrivé en haut, je suis complètement mort. J'ai réussi à tenir la vitesse jusqu'en haut mais en me mettant dans le rouge au-delà du raisonnable compte tenu du fait qu'on est au 3e kilomètre ou un truc comme ça.

La suite de la course n'a pas été brillante : non seulement j'ai perdu du temps, mais surtout j'ai vraiment souffert. J'aurais pu laisser tomber le chrono et trottiner un peu histoire de récupérer mais non, j'ai continué à courir aussi vite que je pouvais pour limiter les dégâts. On en se refait pas !

Mais c'est pas possible d'être aussi con et de faire un départ de course de débutant, à mon âge !!

Après être montés tout en haut de Ménimontant autour du parc de Belleville, on redescend puis on se dirige vers le Père Lachaise, où c'est à peu près plat mais où je suis cramé : de fatigue et aussi par le soleil car il fait super chaud.

La fin de la course, je la finis comme je peux. Partis par le côté nord de la rue des Pyrénées, on rejoint la ligne d'arrivée à Gambetta par le côté sud de cette même rue… un faux-plat montant qui me parait interminable… mais qui n'a pas l'air interminable que pour moi, tous les participants, que je double ou qui me doublent, ont l'air bouillis.

Après la ligne, trouver de l'eau est ma seule préoccupation !

Mais malgré l'effort intense de cette course plutôt ratée (le chrono  n'est pas honteux non plus, compte tenu des côtes) je suis quand même content d'être venu, car je suis toujours content d'avoir couru.

Ensuite je retourne voir un peu mieux la fameuse rue que j'ai bien connue, je retrouve l'immeuble (après avoir hésité : "c'est celui-là ou celui d'à côté ?"), je rentre dans la cour sans vraiment la reconnaître… je me rends compte pour de bon que tout est parti. C'est donc ici que j'ai passé la plus grande partie de mon temps libre ? Dans ce lieu que je ne reconnais pas très bien ? Aucune émotion, c'est presque frustrant, même si je ne tenais pas particulièrement à me revivre les déceptions que j'avais connues ici. Un peu plus loin, pour repartir, je traverse le square dans lequel j'avais régulièrement accompagné une petite fille faire des pâtés… je le reconnais mal lui aussi, je le trouve plus grand que dans mon souvenir.

Avant de quitter le 20e, je passe quelques minutes au Père Lachaise me recueillir et penser à quelques personnes…

Bon, il est temps de quitter ce quartier, que je ne re-fréquenterai sûrement que pour refaire cette course qui mérite que je la réussisse un peu mieux que ça, quand même. De nouveaux souvenirs de sport pourront ainsi prendre la place des souvenirs de vie, qui eux continueront à s'effacer.

Pyrénéenne 2018 - T-shirt

 

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